[Hyperespace] A bord de l'Insatiable III – Direction Korriban

L'ordre avait été donné et l'Insatiable se prépara à quitter l'orbite de Drongar pour se rendre à Korriban. Le temps qu'il avait passé sur Drongar avait été court mais la planète n'allait pas être laissée à l'abandon car une équipe scientifique avait été laissée sur place pour étudier de plus près la faune et la flore, et surtout la mystérieuse plante qui avait attiré Ner-Zhul là-bas. D'ailleurs, il était impatient de retourner dans ses quartiers pour admirer de plus près cet artefact organique qu'on avait dû déposer après son arrivée. Malheureusement, une affaire le retenait : il devait se rendre à l'infirmerie située dans les quartiers de l'équipage pour s'informer sur l'état de santé du Nikto qui les avait attaqués dans la grotte. Il attendit la secousse après le bond en hyperespace puis quitta la passerelle en laissant le capitaine Reelo vaquer à ses occupations. Son esprit allait faire l'objet d'une inspection prochainement.

Le turbo-élévateur emprunté par Ner-Zhul était désert, bien que l'activité à bord du vaisseau soit constante à toute heure du jour ou de la nuit, si on pouvait compter ainsi le temps dans l'espace. Personne n'avait osé se trouver dans un endroit aussi confiné en sa présence et cela témoignait de la crainte qu'il insufflait déjà à son équipage, bien que cela soit involontaire. Son ascension avait été trop rapide mais ce n'était pas pour lui déplaire. Il espérait pouvoir produire le même effet sur une plus grande population mais son but n'était pas de se constituer une flotte de vaisseaux de guerre, ni de se créer son propre Empire. Non, il cherchait plutôt à rejoindre une faction déjà implantée dans la Galaxie et de semer la discorde. Les deux organisations gouvernementales les plus puissantes aujourd'hui était ironiquement les plus instables : l'Empire avait perdu son empereur et sa capitale, et s'était regroupé sous forme de petits états en divisant nettement la hiérarchie afin que les nouveaux seigneurs de guerre puissent se battre entre eux, comme si cela ne suffisait pas. Et la Nouvelle République était jeune et devait s'occuper de tout transformer ce qui avait été érigé par l'Empire durant les années de terreur, une tâche bien trop importante. Ner-Zhul avait toujours été intrigué par la politique et était apte à fomenter des complots, mais aujourd'hui il cherchait surtout à étudier la Force et... à calmer son appétit grandissant pour tout ce qui est dépendant à la Force.

Lorsqu'il fut arrivé à l'étage inférieur, Ner-Zhul prit la direction des quartiers de l'équipage qui se trouvaient juste à quelques pas. Il passa devant plusieurs techniciens qui profitaient de leurs cinq minutes de pause et ils se mirent directement au garde à vous à l'approche de leur commandant qui se souciait peu des saluts militaires. Il continua sa route jusqu'à l'infirmerie où deux médecins et un droïde s'affairaient autour du seul et unique patient de la journée. Son empreinte dans la Force était aussi puissante que celle de son maître, mais son état de santé s'affaiblissait petit à petit. Les soins qu'on lui prodiguait ne l'aidait pas vraiment, et pourtant il n'avait reçu qu'un coup de blaster dans le torse. Ner-Zhul attendait un rapport du médecin en charge et il dût l'exiger à haute voix avant d'obtenir satisfaction. Il s'agissait d'une femme qui avait servi dans l'armée impériale durant de nombreuses années et elle était aidée par son assistant, un jeune homme d'une vingtaine d'années qui espérait devenir chirurgien. Il avait pourtant l'air mal à l'aise à la vue du Nikto, cette effrayante créature, mais son malaise se reporta sur Ner-Zhul lorsqu'il se manifesta.
- Quel genre de soins lui administrez-vous ?
- Il est sous anesthésiant afin d'atténuer ses douleurs, répondit la femme en blouse blanche, mais son corps semble le rejeter. J'avoue ne pas connaître pleinement le métabolisme de ce genre de créatures.
- Si vous me permettez, interrompit le droïde médical, les Niktos sont des créatures reptiliennes originaires de la planète Kintan et...
- C'est la troisième fois que tu nous fournis ce genre d'informations ! Il ne faut pas être un spécialiste pour reconnaître un reptile, et leur peau est si dure. Je pense qu'il n'y a rien à en tirer, ces créatures sont pour la plupart des criminels travaillant au service des Hutt, devons-nous vraiment le maintenir en vie ?
Cette question ne manqua pas d'interpeler Ner-Zhul. Déjà, cette femme semblait avoir du caractère pour s'adresser ainsi à un droïde en sa présence, et elle semblait remettre ses ordres en question pour la seule et unique raison que son patient n'était pas humain et qu'il ne représentait rien à ses yeux. D'un autre côté, Ner-Zhul ne souhaitait pas s'encombrer d'un tel passager et même s'il avait promis à son maître de s'en occuper, il ne voyait pas l'utilité de le garder à bord. Même s'il aurait pu faire un bon apprenti en raison de son affinité avec la Force, chose rare chez un Nikto, la faim dévorante l'accablait déjà. Bien qu'il ait pris son dernier « repas » il y a quelques heures, il ne pouvait résister à la tentation. Il allait lui trouver une toute autre utilité...

L'ambiance dans l'infirmerie n'était pas aux réjouissances et heureusement pour lui, le Nikto était toujours inconscient. Sans demander d'autres renseignements au médecin et sans la consulter, Ner-Zhul aposa violemment sa main sur la poitrine du patient et il commença son œuvre ténébreuse qui deviendrait son quotidien. Tout comme ce qui s'était passé sur Drongar, la vie du Nikto s'échappa petit à petit de son corps et elle fut transférée dans celui de Ner-Zhul qui se sentait revivre à nouveau, bien que ses forces n'aient pas été épuisées depuis sa dernière action. Encore une fois, ce n'était pas l'essence vitale de la créature qui le nourrissait, mais bien l'énergie de la Force elle-même qu'il aspirait. Le pauvre patient finit par succomber pour de bon et les moniteurs n'affichaient plus le moindre signe de vie sous le regard effaré des médecins présents dans la pièce ; même le droïde semblait ne pas savoir quoi faire. Celle qui était chargée de s'occuper du patient était tellement effrayée qu'elle avait crié pour qu'on lui vienne en aide et un soldat en poste devant l'infirmerie était entré. Il eut la même réaction et posa son arme au sol en se demandant ce qui pouvait bien l'affecter. Inconscient de la réaction de ses hommes, Ner-Zhul termina sa sombre besogne et quitta la pièce sur ces mots :
- Il n'y a plus rien à faire pour lui. Vous pouvez disposer de son corps comme bon vous semble.
Le médecin n'en revenait pas et elle se demandait si elle allait s'en remettre un jour, tout comme l'assistant qui remit sérieusement en doute sa carrière au sein de l'Empire.

Désormais débarrassé d'un poids encombrant, Ner-Zhul pourrait se concentrer sur ce qu'il allait faire pendant le voyage : méditer, comme d'habitude. Il se demandait s'il avait bien agi en éliminant le Nikto de cette manière, et surtout devant ses propres hommes, bien qu'il l'ait déjà fait sur Drongar. Même si son geste était plus guidé par ses émotions, sa faim, que par sa raison, il savait que cet acte allait renforcer la loyauté de ses hommes. Il n'aurait ainsi plus l'obligation de puiser dans ses ressources pour maintenir le contrôle de l'équipage. Pour l'instant, tout se passait bien à bord de l'Insatiable. Il prit la direction de ses quartiers qui se trouvaient au même niveau.

Sur le chemin, il buta accidentellement sur un Droïde-Souris MSE-6, l'une de ces fameuses machines qui envahissait chaque recoin des appareils de l'Empire dans toute la Galaxie et dont tout le monde se plaignait. Le petit tas de boulons aussi était craintif et il poussa un petit cri strident typique avant de prendre la fuite en passant sous les jambes des membres d'équipage rencontrés sur le chemin. A l'étonnement de tous, Ner-Zhul se sentait mal à l'aise devant une scène aussi ridicule que le sombre personnage en robe noire qui manque de trébucher sur un jouet. Essayant d'oublier ce petit incident, il se hâta de rejoindre ses quartiers pour être au calme pendant que ses hommes continuaient leur travail.

Le fond bleuté de l'hyperespace se voyait à travers le grand hublot et ses formes en mouvement avaient tendance à troubler la concentration de l'Obscur Serviteur. Il regrettait que des rideaux ou autre volet n'aient pas été installés sur cet appareil mais son caprice trouvait tout de suite sa solution : il lui suffisait de se tourner vers la porte pour méditer en toute tranquilité. Au moins, il avait le sentiment d'être en sécurité et le voyage jusqu'à Korriban ne devrait pas prendre plus d'une journée, les coordonnées de la planète n'ont pas été difficiles à calculer à partir de Drongar. Ner-Zhul était certain que le vaisseau faisait route dans la bonne direction, mais quelque chose n'allait pas. Il ne s'agissait pas d'une perturbation dans la Force, mais d'un simple pressentiment et il n'y prêta aucune attention, conscient qu'il ne pourrait rien arriver de grave durant le voyage.

Il prit le temps d'inspecter plus amplement les quartiers dans lesquels il se trouvait, ceux dans lesquels il avait passé plusieurs mois en compagnie de son maître : le hublot, les deux couchettes de part et d'autre de la pièce, les différentes armoires et étagères qui contenaient ses affaires. Il n'avait jamais regardé ce que pouvaient contenir celles de son maître et il se surprit à fouiller dans ses affaires. A l'intérieur de son armoire se trouvait plusieurs robes de rechange et des bottes encore intactes ; Ner-Zhul s'en empara et les enfila pour remplacer celles qu'il avait et qui étaient pleines de boue suite à son escapade dans la jungle de Drongar. Derrière les robes se trouvait un petit coffre qui n'était pas vérouillé mais l'intérieur était quasiment vide : seul un datapad trainait là et après l'avoir allumé, un écran afficha un message d'erreur et il ne put accéder au contenu. Sans doute s'agissait-il d'un défaut de l'appareil, car il ne demandait aucun mot de passe ; il refusait tout simplement de démarrer. Ner-Zhul regretta de ne pas disposer des compétences nécessaires à la réparation d'objets électroniques et mieux valait le garder secret pour l'instant, ignorant ce qu'il pouvait renfermer comme données. Il referma l'armoire et ouvrit celle qui était la sienne. Elle ne contenait pas de robes de rechange mais de simples vêtements aux couleurs sombres, allant du noir au rouge bordeau en passant par du violet plus clair. Lui aussi disposait d'un coffre pour y ranger ses affaires et celui-ci était plus rempli que l'autre : il contenait des holo-journaux, des holo-livres sur l'histoire et la géographie de la Galaxie, des descriptions de communautés gouvernementales et des traités de politiques mais aussi des armes comme un blaster, une vibro-épée et un bâton d'entraînement. Son regard se posa alors sur un objet particulier qui était en fait un manche constitué de différents alliages et disposant d'un interrupteur. Ner-Zhul s'empara du manche et recula de plusieurs pas avant d'activer le mécanisme qui fit apparaître une lame violette faite d'énergie pure en émettant un son caractéristique et qui bourdonnait lorsqu'on la manipulait. Il était impressionné par la splendeur de l'arme mais elle se révélait très dangereuse pour son porteur s'il n'était pas familier aux arts du combat au sabre laser. Il n'avait pas souvent eu l'occasion de voir cette arme à l'usage ; il lui était arrivé de rencontrer des Jedi, lors d'interrogatoires, mais leur arme leur avait été retirée et son maître ne l'utilisait jamais. Ner-Zhul se demandait même s'il en avait jamais possédé un et il comprenait alors pourquoi il ne l'avait jamais entraîné à son maniement. Les Prophètes se concentraient davantage sur l'étude de la Force et non sur le combat. La dernière fois que Ner-Zhul avait vu un sabre laser à l'oeuvre, c'était il y a à peine une heure lorsqu'il visionna l'enregistrement du combat du mystérieux Sith qui s'était emparé de Korriban. Le duel contre le maître et l'apprenti fut un beau spectacle mais sur le coup, Ner-Zhul ne s'était pas rappelé qu'il possédait ce genre d'arme, enfouie dans un coffre de ses quartiers.

Plusieurs minutes passèrent et Ner-Zhul continuait de jouer avec sa nouvelle arme. Il se demandait quelle puissance il détiendrait s'il savait la manier à la perfection, sa maîtrise de la Force combinée ferait de lui un véritable Seigneur Sith et il pourrait réfléchir à la conquête de planètes. Pour l'heure, il ne savait faire que des moulinets avec la lame sans causer de dommages collatéraux ; il ne connaissait même pas les bases et il n'avait étudié aucune des formes enseignées par les Jedi et les Sith. Pour l'heure, il choisit simplement de remettre le sabre laser à sa place dans le coffre et de refermer l'armoire. Il avait autre chose à faire pour l'instant : se préparer à méditer. Il retira sa robe et resta en tunique simple pour ne pas se sentir inconfortable, surtout qu'il faisait assez chaud dans les quartiers du Serviteur Obscur. Les manches étaient très larges et laissaient entrevoir ses avant-bras, sa peau était pâle et tirait sur le violet. Il ôta ses gants et admira ses mains qu'il n'avait pas vues depuis un moment. Il se demandait même à quoi pouvait ressembler son propre visage car, depuis qu'il avait reçu cet excédent de Force de la part du Spectre, tout s'était mis à basculer dans sa tête et, bien qu'il ait gagné en puissance, il avait perdu beaucoup de ses souvenirs. Il avait oublié à quelle race il appartenait, d'où il venait, le nom de son mentor... Il pensait qu'il s'agissait là d'un effet secondaire et qu'il recouvrerait rapidement la mémoire. Un miroir se tenait à côté de l'armoire et il s'en approcha en ôtant son masque rituel de Sith. Il ne l'avait pas enlevé depuis qu'il l'avait porté et il eut un choc en contemplant l'expression de son visage, ses yeux qui brillaient d'une faible lueur rouge, son crâne démuni de tout cheveu qui laissait apparaître ses veines et de grandes cernes aux paupières. Voir ainsi son propre visage qu'on avait oublié depuis seulement quelques jours lui fit un tel choc que de nombreux souvenirs lui revinrent à la mémoire. Il se rappelait d'où il venait, son monde natal et ses coordonnées, mais il ne se rappelait plus de son véritable nom. N'importe qui, en le voyant, aurait immédiatement discerné le mal qui coulait en lui et son apparence cadavérique aurait trahi ses affiliations, mais il s'avérait que les gens de sa race étaient tous nés ainsi et c'est ce qui le différenciait des simples humains. Son visage maintenant découvert, il se demandait s'il devait continuer de le dissimuler en public. Certes, son équipage avait subi une altération mémorielle grâce à l'intervention de la Force, et son identité restait secrète, mais cela ne concernait que l'équipage de l'Insatiable. Si jamais il devait retourner sur Bastion, ou sur son monde d'origine, il était probable qu'on le reconnaisse.

A un moment, il arrêta de se contempler dans le miroir et remit finalement son masque en oubliant ce qu'il venait de voir. Il allait maintenant occuper son temps à méditer, comme d'habitude, et ce n'était pas le temps qui lui manquait pour une fois. Il avait toujours cet étrange sentiment que quelque chose n'allait pas, bien que la destination soit bonne et que rien ne pouvait arriver en cours de route... à part peut être une embuscade imprévue de la part de pirates, ou d'une faction impériale disposant d'appareils capables d'arracher d'autres vaisseuax de l'hyperespace. Cela, Ner-Zhul était bien placé pour le savoir car il avait participé à plusieurs missions dont l'objectif était d'attraper des fugitifs rebels ou des déserteurs impériaux en quête d'informations stratégiques. Les interrogatoires étaient plutôt intéressants, et surtout divertissants, mais la plupart du temps c'était son mentor qui se chargeait d'extirper les informations des prisonniers. Aujourd'hui, si l'occasion se présentait, il serait le seul à éprouver du plaisir en utilisant ses aptitudes liées à la Force. Il s'assit finalement sur un coussin qu'il avait posé par terre, au milieu de la pièce, et il s'efforça d'oublier son environnement, à commencer par le bruit des systèmes qui parcouraient l'intégralité de l'Insatiable. Ner-Zhul était sensible aux bruits extérieurs et il se demandait comment faisait l'équipage pour trouver le sommeil dans ces conditions. Sa méditation allait durer plusieurs heures, ce qui permettra de récupérer de son escapade dans la jungle de Drongar et de réfléchir à ce qu'il allait faire une fois arrivé sur Korriban. Il prendra également confiance en lui et en ses capacités à survivre dans cette Galaxie, privé de son maître et maintenant détenteur d'un nouveau pouvoir, néanmoins lié à une malédiction ; il détenait toutes les clés pour s'affirmer en tant que dirigeant d'une planète et il ferait ainsi honneur aux siens qu'il ne reverra probablement jamais.

Pendant ce temps, sur la passerelle, le capitaine Reelo continuait de contempler le spectacle, certes lassant, que lui offrait le voyage en hyperespace. Lui aussi se posait pas mal de questions mais il n'était pas habitué à méditer comme le faisait les adeptes de la Force. Lui n'était qu'un simple capitaine, sans aucun pouvoir spirituel et sa seule force résidait dans sa capacité à commander, à donner les ordres aux bons moments afin de se sortir de situations périlleuses dans l'espace. Et il avait le soutien de son équipage, ou du moins c'est ce qu'il pensait. Depuis que Ner-Zhul avait pris le contrôle, les gens semblaient méfiant envers le capitaine. C'était comme s'ils n'étaient plus eux-mêmes et cela l'inquiétait. De plus, Ner-Zhul avait refusé d'écouter son conseil, à savoir rallier la station de communication sur Serenno. Pourtant, c'était le choix le plus judicieux si on voulait actualiser la situation de l'Insatiable et obtenir du renfort de la part des Vestiges. Reelo craignait que le vaisseau ne soit jamais plus affilié à l'Empire et que sa carrière allait prendre un sérieux coup. Il était bon stratège, mais il se souvenait de son ultime ordre à la bataille d'Endor en +4 qui consistait à battre en retraite après la destruction de la Seconde Etoile de la Mort. L'armée impériale avait pourtant le dessus mais il n'y avait rien à se reprocher car tous les commandants, sans exception, avaient donné le signal de repli. La mort de l'Empereur avait causé une telle débacle au sein de la flotte. Il continuait de contempler l'hyperespace jusqu'à ce que quelqu'un le tire de ses pensées.
- Capitaine, puis-je vous parler en privé ?
C'était l'officier Seranna, encore. Apparemment, il lui suffisait d'être de retour à bord du vaisseau pour être en pleine forme mais Reelo n'avait pas encore eu le rapport de l'expédition sur Drongar ; et ce n'était pas à ce propos que la jeune officier venait lui parler. Il y avait peu d'endroit à ce niveau où l'on pouvait discuter en privé et Reelo se refusait à emmener une femme dans ses quartiers, même s'il entretenait de bonnes relations avec elle. Pourtant, son expression lui paraissait plus sévère que d'habitude. Ils s'écartèrent un peu et quittèrent la passerelle.

Ils se rendirent dans un couloir peu fréquenté du troisième niveau et Seranna prit la parole.
- Capitaine, je dois vous parler de notre cap. J'ai vu l'enregistrement que nous avons reçu et je ne pense pas que ça soit une bonne idée de se rendre sur Korriban.
Encore cette affaire qui revenait sur le tapis, décidémment, tout le monde lui rejetait la faute et il avait du mal à imaginer qu'il était le capitaine ! Celui qui était censé donner les ordres. Il était toujours de nature très calme et il répondit à l'officier sans s'énerver.
- Notre cher commandant a insisté pour se rendre là-bas en priorité. Je lui avais conseillé de rallier Serenno mais il ne m'a pas écouté.
Seranna sentit une pointe d'ironie dans sa voix mais contrairement aux autres membres de l'équipage, elle n'allait pas faire de remarque. Bien qu'elle soit de nature souriante et très cordiale, elle avait l'âme d'une manipulatrice dans le fond ; et si elle était parvenu à ce grade d'officier, ce n'était pas uniquement grâce à son travail exemplaire et sa loyauté sans faille. Elle avait ses propres ambitions et le moment était peut être venu d'agir. Sans trahir son attitude habituelle, elle répondit à son capitaine.
- Il a donc pris le commandement du vaisseau et utilise son pouvoir pour nous emmener là où bon lui semble. J'espère que nous suivons toujours les directives de l'Empire. Vous rappelez-vous de la mission qui nous avait été confiée avant d'avoir été contraints de mettre le cap sur Telos ?
- Je m'en souviens comme si c'était hier. Nous devions patrouiller la Bordure pour traquer les déserteurs et les officiers dissidents qui n'avaient pas supporté la défaite à Bilbringi. Et aujourd'hui, il est fort probable qu'on envoie un autre vaisseau, et c'est nous qu'ils traqueront cette fois-ci !
- Il faut espérer que cela n'arrivera pas ! Attendons d'être arrivés sur Korriban, puis nous aviserons.
- On va faire comme ça ! approuva Reelo en saluant l'officer pour mettre fin à cette entrevue. Je vais me reposer dans mes quartiers pendant ce temps.
- A plus tard capitaine.
Les deux se séparèrent et quittèrent le couloir à une minute d'intervalle puis chacun retourna à ses occupations. Le vaisseau grouillait toujours d'activité et le jour et la nuit ne signifiaient rien dans l'espace. L'Insatiable continuait sa route jusqu'à la fameuse planète Korriban.

Une dizaine d'heures plus tard, Ner-Zhul abandonna son état méditatif et reprit ses esprits. Certaines questions ayant trouvé leur réponse, il se réveilla avec l'impression d'avoir profité suffisamment longtemps de sa tranquilité. Son repos lui aura été bénéfique en fin de compte. Avant qu'il ne passe au stade du sommeil profond, il avait réfléchi sur son état de santé et la récente malédiction qu'il l'affectait. Son maître ne l'avait pas vraiment entraîné à faire face à ce cas de figure, et il aurait été en apprendre plus sur le fonctionnement de son propre corps. Il s'était servi de la Force pour sonder son plus profond intérieur, et les résultats étaient bien plus concluants qu'un simple scanner comme ceux qui devaient probablement se trouver à l'infirmerie du vaisseau. Il avait constaté des disfonctionnements et des anomalies qui étaient peut être la cause de sa faim dévorante. Il savait quoi et où, mais ne comprenait pas comment ni pourquoi. De plus, il n'avait reçu aucune autre visite du Spectre depuis qu'il avait quitté Drongar et la mystérieuse plante qu'il avait ramenée y était peut être pour quelque chose. Il avait ressenti ses effets, la Force coulait plus facilement en lui et ses pouvoirs étaient décuplés. Mais peut être que cela occultait aussi sa présence d'une certaine manière et le Spectre avait été incapable de trouver assez d'énergie pour se manifester. Ner-Zhul ne s'en soucia pas davantage et il quitta ses quartiers en se dirigeant vers la passerelle. Même si on ne l'avait pas prévenu, il savait que le vaisseau quitterait l'hyperespace dans quelques instants. Cependant, il était loin de s'imaginer que la distance qui le séparait de sa destination était encore immense...

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