[Coruscant, Station Spatiale Liberty 4]

Le Cathar observa avec une certaine surprise l’apparition de la mystérieuse silhouette sur le réseau de transmission intergalactique. Ayant interceptée cette transmission avant que les médias de l’holonews ne puissent y avoir accès, il avait tenté d’en comprendre le sens profond. Le visage de la créature grisâtre ressemblait étrangement à la créature qui avait porté le nom de Yoda avant l’avènement de l’Empire Galactique. L’étrange créature fit un long discours sur ce qu’il était et sur ce qu’il avait fait, il s’affirmait Seigneur Sith et affirmait avoir pour mission de « sauver la galaxie » d’une décadence certaine. Le moine Jal-Shey avait rarement des accès émotifs, mais cette fois-ci, il lui semblait impossible d’éclater d’un rire sonore. Le Vice-président à la Chancellerie de la République le regarda alors d’un regard noir et il pointa vers lui un doigt accusateur

« Mais qu’est-ce qui vous prend! S’écria-t-il dans tous ses états, vous trouvez la menace d’une résurgence Sith si amusante que cela? Vous désirez peut-être le rejoindre sur Korriban afin de lui tirer les oreilles et de papoter un peu sur les sujets d’actualité quant à y être? Vous devez déployer vos agents dès maintenant et neutraliser la menace avant qu’elle ne se retrouve devant les portes de la République. »

« Calmez-vous dès maintenant, répondit le Cathar d’un ton redevenu parfaitement sérieux, si vous connaissiez autre chose que votre politique sénatorial, vous comprendriez le jeu limpide de ce Sith. Mes espions nous rapportent déjà des données précises sur la puissance dont ce « Seigneur » possède sur Korriban. Il ne fait que de l’esbroufe, peut-être désir t’il simplement démontrer aux autres adeptes de la force que son sabre laser est plus gros que les leurs afin d’impressionner ses petites copines. Et si ce Sith est un véritable Seigneur de Guerre, nous le découvrirons très bientôt, dans tous les cas… Il pourrait aussi bien s’agir d’un piège forgé par l’Empire dans le but d’attirer notre attention vers la Bordure extérieure et ainsi nous détourner de nos objectifs principaux. Pour le moment, j’ordonnerais à mes espions de récupérer le plus de données possible sur ce Sith et s’il s’avère être une véritable menace… Nous contacterons Skywalker et lui demanderons sa collaboration pour la neutralisation de cette menace. En attendant, nous avons des problèmes plus urgents que nous devons régler. »

Le Vice-président fit une moue désapprobatrice avant d’étendre ses pieds sur le bureau du Cathar et de s’allumer un long cigare. Xëlros fronça les sourcils face à l’attitude qu’il recevait du Vice-président, et si celui-ci n’avait pas un rôle aussi important au sein de la République, il lui aurait sans doute donné une cuisante leçon d’humilité. Tentant de contrôler sa colère, le Cathar déposa sur son bureau une fiche Holographique qui s’alluma aussitôt, exposant ainsi le visage d’un Sénateur qu’ils connaissaient particulièrement bien, tous les deux. Le visage interrogateur du Vice-président ne surprit nullement le Cathar. Il avait observé l’habilité du Vice-président lorsqu’il était dans l’arène politique, mais lorsque celui-ci se retrouvait ailleurs, il semblait désespérément hébété par sa propre ignorance.

« Klant Morivack, dit-il posément, Sénateur de Coruscant, porte-parole d’un groupe souhaitant une décentralisation globale des justifications administrative des comptes de dépense sénatoriaux. Comme vous le savez déjà, il a présenté plusieurs projets de loi visant à réduire le pouvoir interventionniste de la République, utilisant notre position fragile afin de rallier les entreprises sous sa bannière. J’ai commencé à m’intéresser à ce Sénateur, dès les premières allocutions qu’il a faites au Sénat. Jeune, dynamique, charismatique, ce Chagrain possède une passion certaine pour la politique… Et l’esclavage. »

Le Vice-président se redressa soudainement, sur son siège, arrêtant de tirer sur son cigare, il observait dès à présent Xëlros avec une attention complète. Son visage semblait d’une nervosité imbibé d’une peur qui n’existait que chez ceux qui étaient d’une culpabilité évidente. Notant mentalement cela, Xëlros se leva debout et croisa ses mains dans son dos avant de fixer le Vice-président directement dans les yeux.

« C’est totalement ridicule, affirma le Vice-président, le politicien le plus en vue de la Nouvelle République n’est certainement pas un adepte de l’esclavage. »

« Regardez donc ces documents, lui répliqua le Cathar en lui démontrant les faits. Tel que je le disais, je me suis beaucoup intéressé à ce personnage et lorsque j’ai découvert qu’il partait à de nombreuses reprises sur Ryloth, pour des pourparlers diplomatiques, j’ai trouvé cela admirable… Donc, je l’ai suivi de loin afin, bien sûr, d’assurer sa sécurité sans même qu’il ne le sache. Vous le savez déjà, Ryloth ne fait plus partie de la République et il s’agît dès à présent d’une planète laissée à elle-même, sous le joug d’esclavagiste ne visant qu’à s’enrichir au détriment de la population Twi’lek. Nous avons, par ailleurs, reçu plusieurs pétitions nous demandant d’intervenir… L’Empire à elle aussi reçue des pétitions, et lorsque je parle de l’Empire, je parle évidemment des Vestiges et non de ce pseudo Empire Sith créé sur Korriban. Il est évident que si nous ne démantelons pas ce réseau d’esclavagiste, nos ennemis utiliseront notre inaction  contre nous. Mes rapports démontrent un lien direct entre le compte bancaire du Sénateur Morivack et le groupe nommé « L’Aube Écarlate ». Une bande de mercenaires particulièrement bien structurés, garnissant ses coffres des crédits obtenus par le lucratif marchandage d’esclaves. Le lien avec notre Sénateur, me demanderez-vous? Il est fort simple, les politiques proposés par notre ami au Sénat visent une déréglementation globale des règles d’un groupe corporatif ainsi, d’une manière détournée, la supériorité morale en termes de droit galactique d’une entreprise face à un individu. »

« Sale fils de Bantha ! S’exclama le Vice-président en écrasant son cigare, je n’arrive pas à croire que vous avez raisons! J’ai supporté cette engeance de Gungan dès ses premières joutes au Sénat Galactique! J’ai moussé sa nomination au comité d’évaluation des corporations et vous me démontrez que je me suis fourvoyé! J’ordonnerais son arrestation immédiatement lorsque je quitterais votre station. »

Le Cathar pris une longue respiration, se détournant de son interlocuteur, il observa l’espace infini sur laquelle le vitrail de la station spatiale dans laquelle il se trouvait, puis il jeta un œil sur la vue magnifique que lui offrait Coruscant… Coruscant, détentrice d’une histoire si richissime, si puissante, si attrayante. Plus jamais cette République ne serait usurpée par un quelconque être désirant détruire les valeurs morales de la République en guise d’enrichissement personnel. Le directeur de la mystérieuse agence de l’ombre s’en assurerait personnellement…

« Non, dit-il d’un grognement sans équivoque, cette conversation restera entre nous. La Nouvelle République est dans une situation précaire, plusieurs croient cyniquement que l’Empire nous supplantera bientôt et que nous serons incapables de nous défendre. Nous ne devons pas alimenter le cynisme de la population. Laisser le Sénateur voguer à ses occupations, je me chargerais de lui et de ses complices. J’enverrais des agents sur Ryloth afin de préparer la mise en place d’un réseau de résistance contre la suprématie de  l’Aube Écarlate et votre rôle sera de convaincre le Sénat qu’une intervention sur Ryloth est nécessaire. »

Le Vice-président ferma les yeux quelques secondes, tentant de démontrer un faux semblant de réflexion, puis il accepta d’un signe de la tête, la marche à suivre. Lorsque le vieil homme quitta finalement son bureau, le Cathar observa avec témérité les documents qu’il avait lui-même falsifiés. Le Sénateur Klant Morivack ne savait en fait aucunement d’où provenait l’argent de ses partisans et il n’avait aucune idée que l’Aube Écarlate le manipulait aussi aisément. L’erreur de Morivack était tout simplement causée par une naïveté débordante, une naïveté qui toutefois risquait de heurter la République. Xëlros se demanda à de nombreuses reprises comment un Sénateur aussi admiré par la population pouvait être aussi naïf… Sans parvenir à une réponse concrète, cette question ne serait bientôt plus d’actualité.

« Apportez-moi mon équipement de mission, dit-il sèchement en prenant son module de communication entre ses mains. Dîtes aux agents Lars et Fronki que la mission « liberté » est désormais enclenchée. »

Bientôt, Ryloth serait débarrassé de l’Aube Écarlate et Coruscant de l’incompétence de Morivack. C’était avec cette justification qu’il fermerait les yeux cette nuit.