L'Ordre dominera...

Denaüher, le commandant du Super Destroyer Impérial Annihilator, sondait l'espace depuis la console d'analyse du pont principal. Seuls les volontaires étaient restés sur le vaisseau, ce qui représentait tout de même 14 567 hommes, dont des techniciens, des officiers, des agents de maintenance, des artilleurs, des soldats... Et Denaüher. L'amiral d'escadre était loyal envers l'Empire et envers son ancien dirrigeant, Nemeth.
Même s'il était d'accord avec le Grand Amiral sur son incapacité à gérer la situation du Régime actuel, Denaüher ne doutait pas des talents de Nemeth, et avait pris la décision de le suivre, quitte à renoncer à une grosse promotion au sein de l'Etat-Major.

L'Annihilator avait quitté Prakith plusieurs jours plus tôt. Il glissait désormais lentement dans le vide spatial. Sa direction semblait incertaine, les première installations habitées étaient à plusieurs parsecs d'ici. Mais pourtant, l'ordinateur de navigation du Destroyer faisait ce qu'on lui demandé, ni plus ni moins.
Sur la passerelle, comme partout le long des 19 000 mètres du vaisseau, chacun vaquait à ses tâches. Le fait d'être en sous-effectifs se faisait sentir : les heures supplémentaires augmentaient chaque jour, des montagnes de travail s'abataient sur chacun ; quelques fois, des avaries venaient gêner les manoeuvres de Super Destroyer. Et les problèmes techniques auxquels l'Annihilator avait dû faire face lors de sa course folle dans l'hyperespace n'avaient pas tous été arrangés, et ne facilitaient pas les choses...

Les heures passèrent ainsi sur l'Annihilator. La plupart du peronnel qui avait demandé à quitter le navire était composé de jeunes recrues, qui ne voyaient pas la guerre comme ça. Il restait donc les plus aguérris, les "vétérans". Mais en cette situation de crise pour l'Empire, la plupart des hommes étaient très jeunes ; l'Annihilator avait donc perdus beaucoup d'éléments indispensables à son bon fonctionnement, et cela se faisait sentir.
D'ordinaire, de nombreux TIE auraient escorté le Destroyer pour effectuer des patrouilles ou des vols de reconnaissance. Mais l'Annihilator n'était plus subventionné par le Régime, et le carburant coûtait cher... tout ce qui permettait au vaisseau de tourner était en réalité très prohibitif. Denaüher ne pouvait se permettre de faire effectuer un séjour d'entretien dans des chantiers spatiaux, et il devait se contenter des réparations de fortune pratiquées par des techniciens manquant souvent d'expérience. L'activité du Super Destroyer était désormais à 25 % de ses capacités d'origines. S'il le fallait, il pouvait la pousser au maximum à 45 %. Mais pour un vaisseau de guerre, c'était peu... Denaüher se demandait s'il ne devait pas suggérer au Grand Amiral de revendre le vaisseau pour en acquérir un autre moins honnéreux en entretien.

Non, ça ne servirait à rien. Nemeth avait eu des éclairs de raison et de sagesse ces derniers mois, mais il n'accepterait pour rien au monde de se séparer de son vaisseau. Un jour, le Grand Amiral lui avait raconté l'histoire de l'Annihilator. Alors qu'il était étudiant en Ingénierie Militaire Lourde, Nemeth avait travaillé sur le projet Super Destroyer Stellaire avec son groupe d'étude. Il avait détourné les plans, et à ses heures perdues, il avait tout imaginé pour améliorer ses lacunes. Au terme de plusieurs années de travail, il avait conçut les plans de ce qui était à l'époque le plus puissant vaisseau de guerre. Mais personne au département technique n'aurait voulus prendre ses exploits en considération. Aussi Nemeth attenda t-il de reprendre les rênes de l'Empire pour débloquer les fonds nécessaires à la construction de ce prodigieux appareil militaire. Le vaisseau ne comptait à son actif que des grandes campagnes. Le point culminant de sa gloire c'était fait en même temps que le redressement de l'Empire. Mais maintenant, le vaisseau relevait plus de l'épave prête à se disloquer qu'à une puissante machine de guerre.
Mais Nemeth avait vécus avec l'Annihilator depuis son adolescance, il lui avait donné la vie. L'Amiral ne se séparerait de ce vaisseau pour rien au monde, et il mourrait dessus.
Denaüher devrait trouver le moyen avec le Grand Amiral de parvenir à faire financer l'Annihilator par des fonds privés, car la situation n'était plus tolérable... Après tout, Nemeth était issus d'une famille aristocratique influente sur Fondor, planète qui disposait de chantiers navals importants.

Les heures passèrent encore et encore. Enfin, la console com/scan de la passerelle afficha les données tant attendues : la colonie minière d'Abraag n'était plus très loin. L'Annihilator aurait pûs y être depuis des jours déjà, mais voyager en hyperespace était un luxe très prohibitif et très dangereux désormais...
Abraag : un champ d'astéroïde non loin de plusieurs géantes gazeuses. L'exploitation de minerais et de gaz rapportait une énorme fortune aux entrepreneurs locaux. Les installations s'étendaient sur des milliers de klicks, elles fournissaient les plus grosses compagnies civiles de transport, et avaient donc une influence politique considérable. Les dirrigeants étaient neutres. La zone était protégée par des croiseurs et des stations sophistiquées. Mais cela n'empêchait pas des bandes de pirates organisés d'attaquer les convois... Et souvent avec succès. La puissance militaire d'Abraag ne suffisait pas à disuader. Ce qu'il fallait, c'était un symbole impacable qui ferait renoncer n'importe qui de tenter une opération contre les exploitations.

Cette force dissuasive, Nemeth l'avait trouvé. Après tout, qui d'autre à part son équipage savait que le tristement célèbre et le préstigieux Annihilator n'était qu'une épave ? La coque externe était en bon état, les avaries étaient internes.
L'immense forme triangulaire s'approchait des mines, et des défenses. Denaüher envoya une communication au Grand Amiral :

Grand Amiral Nemeth, je vous informe que nous sommes enfin à portée comm des installations mères d'Abraag.

Assis dans son confortable fauteuil, derrière son bureau dans ses appartements, Nemeth caressait paisiblement la tête de son vornskr, posée sur ses genoux. Le Grand Amiral reçut le message de Denaüher, l'informant qu'ils étaient à portée comm des installations d'Albraag. Lorsque l'officier impérial fit pivoter son fauteuil pour se retrouver face à une baie vitrée donnant sur l'immensité spatiale, la créature poussa un grognement de déplaisir avant de s'avaenturer plus loin.
Il avait gardé son uniforme blanc de cérémonie, et ses décorations pendaient. L'image d'un homme d'âge moyen, relativement grand, au visage typique des administrateurs, se matérialisa entre la baie et Nemeth. L'hologramme parla en premier :

Grand Amiral Nemeth, je m'attendais à ce que vous vous interessiez à nos exploitations un jour ou l'autre... Que veux l'Empire ?

Nemeth redressa la tête, de manière à mettre en évidence ses rides profondes et ses cernes noirs. Malgré l'âge, le visage de l'homme restait impressionant et suicitait le respect.

Je ne suis pas ici en tant que Chef d'Etat de l'Empire, ambassadeur, ni même en qualité de militaire. Vous n'êtes peut être pas au courant, mais je ne suis plus rattaché à aucune instituation impériale. Je ne suis pas ici pour vous lancer un ultimatum, ni même pour dévaster vos exploitation en guise d'exemple. Je sais que vous savez parfaitement pourquoi je suis ici.

L'ambassadeur croisa les bras et hésita plusieurs secondes avant de reprendre :

Je sais que vous n'êtes plus le directeur de l'Empire, Nemeth ! La nouvelle fait la Une de tout l'Holonet. Et je vois aujourd'hui un Super Destroyer commandé par vous même à mes portes... Vous avez besoin d'argent, n'est ce pas ?

C'est exact. Mais je ne suis pas ici pour ça non plus. J'ai quitté les institutions impériales, cela ne veux pas dire que j'ai perdus la foi en l'Empire, ni même que je souhaite symphatiser avec la République, et encore moins : je ne désire pas me repentir de ce que j'ai fait. Ma visite dans vos exploitation n'a qu'une valeur symbolique. Ni plus ni moins. Jamais la guerre ne pourra être remportée de front. Les valeurs de l'Empire ont moisies. J'ai perdu en crédibilité, plus pour longtemps... Un Ordre Nouveau va naître, un Ordre qui sapera la Galaxie par ses fondations, et qui ne laissera de la République et de l'Empire que des vestiges oubliés de tous. L'Ordre maintiendra la Galaxie en équilibre et sera juste pour chacun.
L'Ordre dominera.

L'ambassadeur fit mine d'applaudir Nemeth et d'essuyer une fausse larme.

Tout ceci est émouvant, quoi que utopique et rébarbatif... Ce n'est pas sans rappeler Palpatine à ses débuts. Dois je vraiment vous rappeler comment ont finis Palpatine et des gens comme vous ?

Je ne vous ai pas demandé votre avis, ambassadeur, vous n'êtes qu'un pion sur l'échiquier.

Vous me voyez flâté du compliment, Nemeth...

Je sais que vos exploitations sont agressée par des bandes organisées. Ma côte a peut être chuté, mais pas au point là. Moi et mon vaisseau dans le secteur seront capables de stopper toute tentative d'assaut ; vous ne pouvez en douter parce que c'est la réalité, et vous le savez. Vous effecturez plus de bénéfices en acceptant, et la sécurité sera renforcée. Je ne vous demande absolument rien en échange, simplement de m'autoriser à stationner ici quelques semaines. La situation est bénéfique pour nous deux.... réfléchissez y. Tycho Nemeth, terminé.

La communication fut coupée, et le bureau redevint silencieux. L'Annihilator dans les exploitations d'Albraag allait susciter des interrogations favorables à la cause de Nemeth. Murmurant, il répéta :

L'ordre dominera...

Les heures avaient passé, et Nemeth sentait le poids des années sur son dos. Désormais, c'était le commandant en second, l'Amiral Denaüher, qui s'occupait de régler tous les points importants. Ceci donnait encore plus l'image d'un vieil homme inutile de Nemeth à l'équipage. Il passait la majorité de son temps assi dans son fauteuil de commandement, dans l'intimité de son bureau. Personne ne l'avait vu depuis plusieurs jours. Cela faisait déjà dix heures qu'il attendait la réponse de l'administration d'Albraag. Nemeth cessa de fixer le vide spatial pour la première fois depuis la fin de la transmission holographique. Il fit pivoter son fauteuil vers la console de son bureau et tapa rapidement les codes pour étudier l'immense étendue des données qui y étaient stockées. Le Grand Amiral avait encore un dernier mot à dire.

Comme d'habitude, le calme reignait sur la passerelle de l'Annihilator. Les officiers s'afferaient à effectuer le travail de trois autres collègues manquants. Le sous-effectif se faisait sentir... Âgé de tente ans, rasé de près et droit comme un i, Denaüher était la parfaite représentation d'un impérial sur une affiche de propagande. Ses décorations pendaient toujours sur son uniformes, dont pas un seul plis ne se faisait voir. Il effectuait maintenant sa fonction de commandant, donnait des ordres, et gérait les consoles com/scan. C'est ainsi qu'il fut le premier alerté lorsque la réponse préenregistrée du conseil d'administration d'Albraag parvint jusqu'aux antennes implantée dans la tour de commandement.

Le Conseil Souverain d'Albraag informe le Super Destroyer Impérial Annihilator qu'il a deux jours standards, soit 48 heures, pour stationner dans notre espace. Passé ce délais, le Conseil prendra des mesures militaires pour faire respecter le droit à son territoire. L'accès aux docks ou installatiuons d'Albraag vous est formellement interdite. Cette mesure sera effective dès la fin de ce message. Le Maître Conseiller Haan.

Denaüher analysa chacune des paroles du Maître Conseiller. Il informa enfin Nemeth du fait qu'ils n'étaient pas les bienvenus ici.
Dans son bureau, le Grand Amiral continua pendant 48 d'étudier les données qui avaient été téléchargées du Complexe de Prakith. Lorsque le délais fut expiré, il donna de nouveaux ordres. L'Annihilator n'avait pas pus s'imposer sur Albraag en usant de sa réputation. Le Conseil méprisait l'Empire et Nemeth en particulier. Aucune importance... Il était temps pour Nemeth de revenir dans sa famille, et de prendre la situation en main.
Les réparations qui avaient pus être effectué durant ces deux jours étaient plutôt sommaires. Mais elles suffiraient à tenir le coup jusque Fondor.